Un tour dans Sofia

J'ai largement le temps de me promener dans Sofia, la ville n'est pas si grande et il n'y a finalement pas tant de choses a voir.

Sofia = Klow ?

Sofia est-elle la capitale de la Syldavie ?
D'accord, il n'y a pas ici de confluence entre deux fleuves mais il y a quand meme quelques details qui surprennent.
L'ancien palais royal ressemble un peu a celui de Muskar XII. Et les gardes du palais presidentiel ont un petit air des gardes du chateau qui contient le tresor syldave (voir mon premier message avec la couverture du Sceptre d'Ottokar)
La recherche de la Syldavie continue ...

Comprendre le bulgare

J'ai beau avoir quelques connaissances en cyrillique, je ne connais pas toutes les lettres mais bon j'arrive a lire un peu le serbe, pour le bulgare c'est different. Ils utilisent certaines lettres en plus. Par exemple le "R a l'envers" veut dire "IA", le M est un m mais le "m" est un "t", le "d" est un "g", et pour le "g" alors? tout simplement un "s a l'envers" bien sur!
Parler avec un Bulgare peut aussi poser quelques problemes, des mots ressemblent au serbe et pour dire merci c'est "mersi", mais ca se complique quand on oublie que secouer la tete de haut en bas veut dire non et de gauche a droite veut dire oui. Au debut ca surprend un peu.

Bulgarie

Mes etapes prevues. Vidin tout au nord-ouest. Belogradchik entre Vidin et Sofia. Veliko Tarnovo au centre, au nord de la chaine des Balkans, Plovdiv au sud de la chaine un peu plus a l'ouest ("toujours plus a l'ouest" pour citer les Dupondt), enfin Rila, au sud de Sofia avant de continuer vers la Grece.

Belogradchik

Au milieu des montagnes, Belogradchik a servi de poste de garde des l'Antiquite. La encore la forteresse a ete amenagee jusqu'qu XIXe siecle.
Sa particularite c'est qu'elle s'appuie sur des formatioms rocheuses particulieres qui ressemblent a des canyons.
Ces formations portent des noms donnes par ressemblance avec leur forme , il a Velko (un rebelle qui a pris la ville aux Turcs au XIXe siecle), le cavalier, la Madone, l'ours ...
Le soir j'ai voulu aller voir les horaires des bus vers Sofia. Il n'y avait d'afficher que ceux des jours feries. J'ai donc demander a un passant, qui m'a dit qu'il y en avait un seul a 6h.
En rentrant vers mon hotel, on prend la meme route, c'est mon voisin ! Il parle un peu francais et anglais et m'invite dans son atelier (il est sculpteur mais surtout de pierres tombales). Il s'appelle Alexander (Sando pour les intimes) a un peu plus de 50 ans et m'invite a boire un vin blanc petillant bulgare (dans une bouteille en plastique). On est ensuite rejoints par un ami puis par Peter, son fils qui sert d'interpretre pendant un moment. Peter n'a pas bu, mais on a quand meme fini deux bouteilles de 1.5 litres. A la fin il avait un peu de mal a parler anglais et moi aussi je sentais l'alcool monter. Heureusement que l'hotel n'est qu'a 5m.
Reveil un peu difficile a 5h, puis route de montagne et arrets dans beaucoup de villages pour finalement arriver a Sofia vers 10h

Vidin

Je suis arrive tard le soir mais le lendemain j'ai pu visiter Vidin avant de poursuivre mon voyage.
C'est une ville sur le Danube. La forteresse est batie sur un poste de garnison romain et a ete transformee par les byzantin, les turcs puis les autrichiens.
Le long du Danube, il y a un parc-promenade et il reste les ruines d'une synagogue (qui la nuit est un repere de drogues)
J'ai ensuite pris un minibus, direction Belogradchik.

Beau Danube bleu ?

Voici donc quelques photos de la forteresse de Golubac et du Danube, de l'autre cote c'est la Roumanie.

Dernier jour en Serbie

J'aurais voulu parler du beau Danube pas si bleu, puisque ma route vers la Bulgarie, longeait le fleuve. Mais j'ai d'autres aventures plus interressantes a raconter !
En partant a 5h du matin, Claire m'a souhaite d'avoir un voyage avec quelques aventures mais je ne pensais pas qu'elles viendraient si vite.
Au debut tout c'est bien passe, grace Jasmina, une fille qui prenait le meme bus que moi et qui parlqit francais, j'ai pu m'arreter a la forteresse de Golubac ( j'enverrai des photos plus tard, ici je n'y arrive pas).
Ensuite j'essaye de faire du stop pour rejoindre Kladovo ou je prendrai un bus pour Negotin. Personne ne s'arrete et je dois attendre le bus suivant, deux heures plus tard, pour finalement arriver. Le bus pour Negotin part 10 min plus tard.
Juste avant d'arriver, controle de police. Mon passeport intrigue les policiers, les chauffeurs proposent de m'amener quand meme jusqu'a Negotin et de voir la-bas avec la police. A l'arrivee du bus on m'attend! Je monte dans la voiture de police, je vais rester pres de 5h au poste! Le probleme est que je ne me suis pas fait enregistrer a la police a Belgrade en arrivant!
Un des flics parle anglais et me traduit tout. Ils vident mon sac, me fouillent, je passe devant un inspecteur pour un interrogatoire, j'attends ensuite pour voir un juge, qui decide que je dois payer une amende. Je n'ai pas assez de dinars et comme on est dimanche il est difficile de trouver un endroit pour changer les 100 euros de l'amende. Finalement on y arrive, resultat en plus de l'amende, obligation de quitter la Serbie dans les 24 heures ( s'ils n'avainet pas ete la je serai deja en Bulgarie) et , attention, interdiction de revenir en Serbie pendant un an !
Il est pres de 20h quand je sors, ils m'ont appele un taxi qui m'amene jusqu'a la frontiere (il n'y a pas de liaison directe, les serbes s'arretent au poste), je dois marcher et j'arrive a pied au poste de frontiere bulgare. I lfaut ensuite que je trouve un moyen d'arriver a Vidin, a 25 km de la. Heureusement un routier polonais arrive peu de temps apres moi et accepte de me prendre a bord. J'arrive enfin a Vidin ou je contacte Patrick, un americain qui grace au site couch-surfing peut m'herberger pour la nuit, avant que je continue ma route en Bulgarie.
Le vrai voyage a commence, les vraies aventures aussi, ce soir peut-etre que je vais camper a Belogradchik. Je pense que vous n'aurais de mes nouvelles que quand j'arriverai a Sofia.

Joyeuses Paques

Ce week-end c'est Paques pour les orthodoxes. Ils utilisent le calendrier julien donc il y a un decalage avec nous. Sinon c'est un peu la meme chose : vendredi saint pas de viande ni de produit issu des animaux (lait et derives), messes etc.
Je ne me suis pas trop senti concerne, hier j'ai mange une pjeskavitsa (le hamburger serbe), mais aujourd'hui Paques m'a rattrape. Il n'y a qu'une poste ouverte dans tout Belgrade ! et elle ferme a 15h! J'ai quelques cartes postales a envoye, mais il y a une queue de plusieurs metres qui n'avance que quand quelqu'un en a assez et s'en va. Je reste presque une demi-heure, j'ai fait cinq pas, et je m'en vais. J'en profite pour aller acheter mon ticket de bus pour demain matin, je pars a 6h vers Golubac, sur le Danube, avant de rejoindre la Bulgarie. Ne vous inquietez pas je trouverai un moyen d'envoyer les cartes postales.
Je crois que la chance me sourit, j'evite de justesse un orage qui eclate quand j'arrive a l'appart. Je crois bien qu'Hermes me protege (merci Marie et Herve)

Fikir Bayir

C'est du turc. J'ai lu quelque part que c'est comme ca que les Turcs qui ont occupe Belgrade pendant une longue periode, appelait le Kalemagdan, la forteresse au confluent du Danube et de la Save. Ca veut dire "la colline de la meditation".
C'est aujourd'hui un grand parc a l'extremite de la ville, il y a des restes des fortifications du XVe siecle, avant que les Turcs arrivent, quelques traces de l'occupation ottomane, notament une turbe (le mausolee d'une personalite) mais ce qu'on voit surtout ce sont les fortifications construites par les Autrichiens quand ils ont occupe la ville au XVIIe siecle. Les Turcs sont ensuite revenus et sont meme restes avec une garnison quand la Serbie est devenue autonome, ce n'est que vers la fin du XIXe siecle qu'ils ont quitte la ville.
Je ne sais pas si c'est pour la meditation, mais il y a beaucoup de monde dans le parc, on se promene, on joue aux echecs, on discute assis sur les remparts face au Danube, a la Save, avec pour panorama la grande plaine du nord de Belgrade.

La vallee des rois

Je ne me suis pas teleporte en Egypte, cette vallee, c'est celles de l'Ibar et de la Rasca dans le sud de la Serbie entre Kraljevo et Novi Pazar. Sur la carte c'est pas tres net (mais en cliquant dessus on peut zoomer), disons que c'est pres du Montenegro et du Kosovo. C'est la que se trouvent les monasteres et les eglises les plus vieux de Serbie, construits par les premiers rois aux XII-XIIIe siecles.
Je suis parti mercredi aux aurores en bus jusqu'a Kraljevo. La j'ai loue une voiture, une Chevrolet Spark bleue et en longeant la riviere je suis descendu vers le sud. La route suit la riviere et est pleine de virages. Pour rejoindre les monasteres il faut souvent s'en eloigner un peu et aller vers la montagne donc virages encore!

Premiere etape Studenica, un monastere a deux eglises avec des fresques. Je suis tout seul a visiter mais un peu surveille par les moines, je prends quand meme une photo dans la plus petite, deserte.

L'eglise suivante etait fermee mais elle m'a permis de quitter un peu la route et de souffler apres les travaux et les camions qui roulent au pas.

J'arrive ensuite du cote de Novi Pazar, il n'y a pas beaucoup d'indications mais je pense que j'ai une sorte de 6e sens pour trouver les eglises. J'arrive a Sopocani.
Encore une fois tout seul mais surveille je ne peux pas prendre en photo l'interieur de l'eglise, c'est dommage parce que les fresques y sont magnifiques.

Je pars ensuite vers Novi Pazar. On m'avait prevenu, la ville est laide, mais je n'arrive pas a y entrer, a trouver le centre ville. Je tourne en voiture puis a pied dans des rues aux maisons de briques. Je trouve enfin le centre ville turc avec sa forterresse et ses petites rues commercantes (un peu comme a Sarajevo). Au dessus de la riviere un hotel moderne fait un peu tache.
Il commence a se faire tard. Je reprends la voiture et trouve un petit coin sympa pres d'une riviere sur la route de Sopocani. Je m'installe comme je peux pour dormir dans la voiture et comme je pense que personne ne sait a quoi ressemble une Chevrolet Spark, je peux vous dire que ce n'est pas tres grand. Je m'endors quand meme malgre la pluie dehors. Je me reveille avec le soleil vers 6h.
Je reprends le route vers le nord. je m'arrete a Djurdjevi Stupovi (les colonnes de St Georges), un monastere en ruine du XIIe siecle, il est autour de 7h, la colline sur laquelle il se trouve est entouree de brouillard.
L'etape suivante est la plus vieille eglise de Serbie, dediee a St Pierre, elle date egalement du XIIe siecle, autour des pierres tombales remontent au XIXe siecle.
Il est temps que je rentre vers Kraljevo, mais avant, apres avoir cherche en vain un monastere fonde par une princesse francaise qui avait epouse un roi serbe, je m'arrete pour monter a l'assaut de la forterresse de Maglic erigee sur un piton dans une boucle de l'Ibar.

Je reviens a temps pour rendre la voiture mais je paye un peu plus parce que j'ai fait plus de kilometres que prevu. Je fais un tour rapide dans Kraljevo et je regrette de ne plus avoir de batterie a mon appareil photo pour prendre un monument a la gloire des partisans. Un pur style communiste avec de grands personnages a la musculature saillante. Si jamais quelqu'un`passe a Kraljevo, j'aimerais bien qu'il prenne la photo, c'est dans le parc pres de la gare routiere.
Je rentre en bus a Belgrade, par une autre route qu'a l'aller, mais je ne suis pas tres attentif au paysage et je m'endors. J'arrive a Belgrade, dans les embouteillages du milieu d'apres-midi.

Balade dans Belgrade

Aujourd'hui et hier, avec le beau temps, promenade dans Belgrade
La Knez
Inspection des travaux dans le temple Saint Sava
Milos Obrenovic et ses faucons

Je suis a Belgrade

Je suis arrive hier dans l'apres midi. Un peu plus d'une journee de bus qui s'est bien passee. J'etais bien place, tout en haut qu premier rang, avec une vue superbe sur la route. Je me suis endormi en Allemagne et reveille en Autriche, pres de la frontiere slovene. La matinee a ete pluvieuse mais apres il a fait tres chaud et a Belgrade les gens sont en T-shirt.
Je suis chez Srdjan et Jelena (mais Srdjan est a Zagreb en ce moment). On attendait Claire qui doit venir en avion, mais celui de Bordeaux avait du retard, elle n'a pas pu prendre sa correspondance. Il fait encore tres beau aujourd'hui. A bientot.

Demain, le départ

Aujourd'hui, dernier jour de meunier à Marquèze; demain matin vers 6h30 départ du train d'Ychoux direction Paris via Bordeaux puis ce sera l'expédition en bus, 24h de voyage si tout se passe bien.
Je ne sais pas chez vous, mais à Pissos aujourd'hui il pleut et il fait froid et apparemment ça risque de durer. J'ai regardé les prévisions météo de Belgrade pour les prochains jours. Demain il ne fait pas très beau mais on s'en fout je n'y serai pas encore. Samedi éclaircies et orages mais dimanche un grand soleil, avec des températures autour de 25°, il me tarde de me balader sur la Knez et dans le parc du Kalemagdan avec vue sur le Danube et la Save. Je vous raconterai.
Les petites escapades tintinophiles sont finies (quoique) et les choses sérieuses commencent. La prochaine fois je vous raconte mon périple pour arriver à Belgrade, le début de ce nouveau voyage dans les Balkans.

Le colonel Boris et la garde d'Acier

Le colonel Boris est l'aide ce camp du roi Muskar XII, en fait il fait partie du complot qui vise à renverser le roi. Ce complot mené par le ZZRK (j'espère que vous suivez) qui agit sous la couverture de la Garde d'Acier. Celle-ci est dirigée par un certain Müsstler (on reconnait facilement un mix entre MUSSolini et HiTLER) qu'on ne voit jamais.
La Garde d'Acier a sûrement pour modèle la Garde de Fer, la branche paramilitaire d'un mouvement fasciste roumain fondé par Corneliu Zelea Codreanu en 1927. En 1933 le premier ministre Ion Duca interdit la Garde de Fer, dix neuf jours plus tard il est assassiné. En 1937 le parti entre au Parlement, mais le roi Carol II dissout le parlement l'année suivante. Cette même année Codreanu est emprisonné et meurt mais le mouvement continue et en 1940 il entre au gouvernement. Le roi abdique et la Roumanie rejoint les puissances fascistes en juin 1941. Encore une fois le déroulement du Sceptre d'Ottokar trouve son origine dans la politique de l'Europe de l'Est et finit par se produire quelques années après.
Revenons à Boris. Tintin a montré qu'il fait partie du complot et on ne le voit plus jusqu'à la fin d l'album. Cependant il revient dans Objectif Lune et On a marché sur la Lune. Il est encore mêlé à une organisation qui vise à détourner la fusée de Tournesol pour s'en approprier les secrets. Nous ne savons pas grand chose de cette organisation mais le rôle de Boris y est important. Il se fait appeler le colonel Jorgen, il est syldave donc son arrivée à la base doit être relativement facile, de plus il a un compte à régler avec Tintin (ce qui doit être sa principale motivation). Il réussit à embarquer dans la fusée mais ne réussit à partir en laissant sur place Tintin et Cie.
A plusieurs reprises Haddock le traite de Bachi-bouzouk (je l'avais oublié parmi les syldaves injuriés). Finalement il meurt accidentellement et est jeté "par dessus bord" (même si ça ne doit pas être le terme exact à propos d'un fusée).

La Bordurie

Hergé, en créant la Syldavie, invente un autre pays, voisin donc lui aussi dans les Balkans : la Bordurie. Les Bordures sont les ennemis héréditaires des Syldaves et leurs histoires sont mêlées.
Dans L'affaire Tournesol, Tintin, Haddock et Milou se rendent en Bordurie pour y chercher le professeur Tournesol. Le pays est alors sous la coupe de Plekszy-Gladz, un dictateur, créateur du moustachisme. Sûrement faut-il voir dans cette politique marxisto-fasciste et au culte du chef très développé (les moustaches sont partout, jusque dans l'orthographe !) un avatar de l'oustacha, le partir nationaliste croate allié des nazis et des fascistes italiens pendant la seconde guerre mondiale. Cette alliance a d'ailleurs permis à Ante Pavelic, son dirigeant, de créer un Etat croate indépendant séparé de la Yougoslavie.
Cependant le moustachisme semble arrivé au pouvoir après la seconde guerre mondiale puisqu'au moment de l'affaire du sceptre d'Ottokar, en 1938, la Bordurie n'est pas encore entre les mains de Plekszy-Gladz ( il semble quand même qu'il apparaissent à cette époque parmi l'état-major bordure)

Muskar XII et l'"anschluss raté"

Muskar XII est roi de Syldavie quand Tintin s'y rend pour la première fois en 1938. L'"anschluss raté", est le thème de l'album Le sceptre d'Ottokar d'après Hergé. L'Anschluss est l'annexion de l'Autriche par Hitler en mars 1938. Dans la Bd, le héros réussit, surtout avec l'aide de Milou, à empêcher l'annexion de la Syldavie par la Bordurie.
Peut-on voir, en plus de ce lien revendiqué avec les évènements austro-allemands contemporains, des similitudes entre l'histoire des Balkans et de la Syldavie, comme nous en avons vu par ailleurs.
Physiquement, Muskar ressemble à plusieurs personnages royaux, on a notamment pensé à un roi d'Espagne, mais dans les Balkans on trouve aussi des sosies du roi syldave.
Par exemple Boris III, tsar de Bulgarie de 1918 à 1943. Il arrive au pouvoir à 24 ans quand son père abdique après la défaite de la Première Guerre Mondiale, en 1934 un coup d'Etat militaire opérés par des officiers regroupés dans le "Zveno" (le maillon) veut instaurer un régime autoritaire, l'année suivante ils sont obligés de quitter le pouvoir. Bien que pacifiste, Boris doit rejoindre l'Axe italo-allemand en 1941. Il meurt en 1943.
Autre exemple Zog 1er (drôle de nom pour un roi) roi d'Albanie à partir de 1928. De son vrai nom Ahmed Zogu, il a dû à causes de troubles politiques dans son pays, se réfugier en Yougoslavie, qui l'aide à prendre le pouvoir en 1924, il instaure une dictature et reçoit l'aide de l'Italie fasciste. En septembre 1928 il devient Zog 1er, en 1931 il échappe à un attentat à Vienne. En 1934 Mussolini prend le contrôle de l'Albanie, Zog n'est qu'un roi d'opérette. En mai 1938 existe un projet d'invasion italienne, il n'est finalement exécuté qu'en mars 1939.
Il y a donc ici une annexion réussie, mais il s'agit plutôt d'une invasion, et elle est postérieure aux aventures de Tintin, de là à dire que Mussolini fixait sa politique en lisant des Bd ...
Un peu plus tôt, dans les Balkans une autre annexion avait réussit. En 1918, le Monténégro rejoint le royaume des Serbes, Croates et Slovènes. Par sa longue indépendance, le Monténégro, même s'il n'est un royaume que depuis 1910, pourrait ressembler à la Syldavie.

compte à rebours

Tournesol a commencé le compte à rebours, moi aussi, dans 10 jours je serai à Belgrade, inch' allah.
Je ne pars pas en fusée à damier rouge mais en bus, je ne risque donc pas d'être troublé par l'apesanteur.
En attendant je continue mes parallèles tintinophiles avec les Balkans.
Vous aussi il vous tarde que je sois parti pour avoir des photos de là-bas ? que je vous raconte mon périple ? et il va falloir patienter 10 jours !

le Zyldav Zentral Revolutzionär Komitzät

Tintin a parfois été comparé à un grand journaliste français: Albert Londres, mais je n'ai jamais vu le rapprochement qui pourrait être fait entre une des enquêtes de Londres et le premier voyage du reporter à la houppette en Syldavie.
En 1932 Albret Londres fait publier Les comitadjis ou le terrorisme dans les Balkans. Il s'est rendu en Bulgarie et en Yougoslavie pour enquêter sur ces terroristes.
Le mouvement de l'ORIM (Organisation Révolutionnaire Intérieure Macédonienne) est créé en 1893 pour se libérer des Turcs. Les bachi-bouzouks sèment la terreur dans cette région où vivent des Serbes, des Bulgares et des Grecs. Après les Guerres Balkaniques (1912-1913) les Turcs sont chassés d'Europe et la Macédoine partagée entre les belligérants au bénéfice de la Yougoslavie.
L'ORIM, divisée en comités, ce qui donne à ces membres le nom de comitadjis, continue sa lutte, cette fois contre les Serbes, aidés par la Bulgarie (et par l'Italie). Plusieurs courants apparaissent et multiplient les assassinats et les attentats sur le sol bulgare mais aussi partout en Europe.
Plusieurs rapprochements peuvent être faits entre l'ORIM et le ZZRK (Zyldav Zentral Revoltzionär Komitzät) :
- dans les deux cas il s'agit d'un comité et il regroupe autant des militaires et hommes d'état que de simple exécutants
- les deux mouvements sont implantés à l'extérieur, Tintin fait leur connaissance alors qu'ils se regroupent au restaurant le Klow ( à Sofia les comitadjis se réunissent aussi souvent dans les restaurant, comme le Zagreb)
- les méthodes employées sont similaires. On utilise des deux côtés des photographies pour reconnaitre les cibles et on emploie pour les faire disparaître des bombes, appelées "paklena machina" par les Macédoniens; chez Tintin, elle n'a fait que secouer les Dupondt
- enfin et surtout leur finalité est complètement différente (ce qui finalement les rapproche), alors que l'ORIM cherche à se défaire de la tutelle turque puis serbe, le ZZRK veut rattacher la Syldavie à la Bordurie.
Comme dans les autres rapprochements que j'ai pu faire, je ne sais pas dans quelle mesure Hergé en était conscient, mais dans ce cas les troubles venant des Balkans étaient probablement suffisamment présents dans les actualités pour s'en inspirer.

Par saint Wladimir !

Cette expression se retrouve souvent dans la bouche des Syldaves, il s'agit aussi d'un saint très important, puisque c'est le jour de sa fête que le roi doit prouver qu'il est digne de sa couronne en défilant dans la capitale avec le sceptre d'Ottokar.
Ce prénom fait référence à un saint orthodoxe, mais parmi plusieurs de ce nom, celui qui me semble le plus probable est saint Jean Vladimir.
C'est un prince de Dioclée (du côté du Monténégro et de la Serbie) du XIe siècle. Prince très dévôt, il fait bâtir plusieurs églises, malheureusement il est capturé par son puissant voisin, le Tsar Samuel de Bulgarie. Alors qu'il est en prison, un ange lui annonce son martyre. Finalement Samuel lui donne sa fille Kosara en mariage et lui rend la Dioclée en tant que vassal, il aggrandit même son territoire vers la Serbie.
Cependant après la mort de Samuel, un de ses fils fait décapiter Jean Vladimir en 1015 sur une île du lac Prespa (frontière actuelle entre la Grèce, l'Albanie et la Macédoine).
Son culte se répand au Monténgro, en Albanie et en Macédoine, il est vénéré autant par les catholiques, les orthodoxes serbes que les musulmans, sa fête se célèbre le 22 mai.

Bachi Bouzouk

Voici un bachi-bouzouk (ça veut dire "tête cassée") . C'est un soldat turc redoutable car indiscipliné, des bandes de bachi-bouzouks sont plus ou moins livrées à elles même et pillent souvent les zones de l'Empire ottoman où on les envoie.
Lors de la guerre russo-turque, dans les années 1875, les Balkans et notamment la région de la Bulagrie vont subir leurs dévastations.
C'est aussi bien sûr une des injures favorites du capitaine Haddock. Ainsi à deux reprise, il traite des Syldaves de Bachi-bouzouks, ce qui doit forcément peu leur plaire. Dans Objectif lune, c'est le chauffeur de Tintin, Milou et Haddock, alors qu'ils se rendent comptent qu'ils ne vont pas vers Klow, qui fait les frais de la mauvaise humeur du capitaine. Dans L'affaire Tournesol il s'en prend à un des agents de la Zepo (les services secrets syldaves) qui kidnappent le professeur Tournesol.

Héraldique syldave

Lors de son premier voyage en Syldavie, Tintin part en tant que secrétaire du professeur Halambique (même si c'est plus par curiosité pour tous les évènements qui ont suivi sa rencontre avec le savant).
Halambique est sigillographe, il étudie les sceaux, il en a même une belle collection qu'il montre au jeune reporter en culotte de golf (ce n'est d'ailleurs pas très pro et déontologique de garder ces sceaux, mais bon, passons).
Parmi ceux-ci, celui d'Ottokar IV est une pièce assez rare. On y voit un blason, d'autres apparaissent au cours de l'album, ce qui permet de faire une petite étude de l'héraldique (l'étude des blasons, une de mes lubies).
Ce sceau d'Ottokar IV date de la seconde moitié du XIVe siècle, puisque ce roi a régné à partir de 1360. On y voit un petit blason posé sur un pélican couronné. La bordure porte la devise de la Syldavie, une phrase prononcée par le roi.
L'écu pourrait se blasonner ainsi : à la barre et à la bordure, en effet il y a une bande qui part du coin inférieur gauche vers le coin supérieur droit (une barre dans le jargon), la bordure n'est peut-être que le fait de la gravure du sceau. Ce sceau peut être rapproché de celui des Balsic sauf qu'il s'agit d'une bande et non d'une barre (la bande est dans l'autre sens). Cette famille était basée au XIVe siècle autour du lac de Skadar qui sert aujourd'hui de frontière entre l'Albanie et le Monténégro, lac où d'ailleurs vivent (ou vivaient) de nombreux pélicans !!
Le blason suivant apparaît sur une reproduction d'une "gravure" (il doit en fait s'agir d'une enluminure) du XIVe siècle représentant Ottokar IV (encore lui !) prononçant sa fameuse devise en frappant de son sceptre un baron rebelle. Sur la tunique de celui-ci apparaît un blason d'or au rencontre de taureau de sable acorné d'argent (c'est-à-dire un écu doré sur lequel on voit une tête de taureau de face, noire avec des cornes blanches). Le blason du baron Staszrvitch est assez proche de celui du duché de Bukovine, à cheval sur les actuelles Roumanie et Ukraine, acquis par l'Autriche-Hongrie sur les Turcs en 1777 ou de la Moldavie (reproduit à côté), une autre région de Roumanie (pour certains, la Syldavie est le mélange des régions roumaines de Tran-SYL-vanie et de Mol-DALVIE !).
Le dernier blason, celui du roi Muskar XII, apparaît à la fin de l'album, presque comme un sceau apposé à la fin d'un document pour le signer. C'est celui qu'on voit en haut à droite de la page de mon blog. A noter que sur l'édition originale il était un peu différent, les quartiers 1 et 4 avaient un fond bleu et non jaune (le sceptre aussi est différent).
Ces armoiries se blasonnent : écartelé au 1 et 4 d'or au pélican de sable et au 2 et 3 de gueules à deux croissants d'argent posés en pal. En général le pélican dans les armoiries n'est pas représenté comme ici mais dans son nid en train de s'ouvrir le cou pour nourrir ses enfants. En effet des légendes médiévales laissaient penser que le pélican nourrissait sa progéniture avec son sang, ce qui en faisait une représentation de Jésus (mais je ne vais pas vous faire une leçon de catéchisme).
Le fait qu'on a changé de blason par rapport à celui d'Ottokar IV permet de penser qu'on a changé de famille régnante en Syldavie. On a gardé le pélican mais la présence des croissants, symbole musulman par excellence, prouve, encore une fois, l'influence ottomane sur le pays.